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Actualité
21 Juillet

La fête nationale à Arlon, toujours un succès pour le vivre ensemble.

Cette année encore, à l'occasion de la fête nationale, la ville d'Arlon a réuni les cinq cultes ou idéologies.

Le thème de cette année était " Fraternité et chaleur humaine ". A cette occasion, nous vous invitons à découvrir le discours de l'association des musulmans:

 

"L'HUMANITÉ EST UNE"

Rares sont aujourd’hui ceux qui le contestent. Et pourtant, cette conviction a mis du temps à trouver sa place dans les consciences.

En d’autres temps, en effet, (et pour certains, aujourd’hui encore, malheureusement), les différences morphologiques, culturelles, voire linguistiques, étaient perçues comme l'indice d’une non-appartenance à l'humanité. De nombreux peuples dits primitifs se nommaient eux-mêmes : "les êtres humains", rejetant ainsi les autres tribus hors de l’humanité. Chez les Grecs, les autres étaient uniformément qualifiés de « barbares »… Ce n’est, rappelons-le, qu’après de vifs débats, qu’un certain nombre de théologiens, et de philosophes européens, reconnurent l'humanité des premiers habitants des Amériques. Et c’est, paradoxalement, alors que naissait l’humanisme, que le fameux commerce triangulaire de la traite négrière commençait.

L'idée que l'homme est partout le même, malgré les différences, s’est donc imposée, très progressivement, dans l’histoire occidentale, et son affirmation est relativement récente. C’est, en effet, dans la « Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen » de 1789, que l’on trouve, enfin, l’affirmation qu'il existe des droits égaux destinés à tous les hommes, en vertu de la seule appartenance à l'humanité.

Pour nous musulmans, cette unité du genre humain, malgré les différences, est affirmée d’emblée dans le Coran. Les versets sont, en effet, nombreux qui montrent que l’Islam, dès le VIIème siècle, a proclamé la primauté de l’unité humaine sur ses différences, en termes d’origines, de langues... Dieu a révélé, notamment : « Humains, Nous vous avons créé d’un mâle et d’une femelle. Si Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, c’est en vue de votre connaissance mutuelle. Le plus digne au regard de Dieu, c’est celui qui se prémunit davantage ». Origine commune, diversité dans l’unité, absence de distinction autre que celle de la piété, voilà ce qu’on pourrait appeler les fondements d’un humanisme coranique. Dieu annonce par ailleurs (V-32) que «… tuer une âme non coupable du meurtre d’une autre âme ou de dégât sur terre, c’est comme d’avoir tué l’humanité entière ; et que faire vivre une âme, c’est comme de faire vivre l’humanité entière ».

Certes, la réalité vécue de ces enseignements ne correspond pas toujours au modèle prôné par la Révélation coranique et pratiqué par la personne du Prophète (SAWS), mais l’affirmation est là, posée avec force ; elle donne aux musulmans une orientation dans leurs relations avec autrui, qu’ils ne peuvent rejeter, sans contrevenir à leur foi.

Si Dieu nous met en garde contre toute violence, toute injustice, tout manque de respect envers nos semblables, c’est qu’Il nous a destinés à la plus noble des finalités. Dieu nous dit qu’il a créé les êtres humains: « … dans une forme parfaite » et que la finalité de cette création est l’adoration : « Je n’ai créé les hommes et les djinns que pour qu’ils m’adorent ». Selon l’exégèse de ce verset par un compagnon du Prophète, « adorer » prend ici le sens de « connaître ». L’humanité de l’homme, selon le Coran, c’est donc d’avoir été créé pour connaître Dieu, et ce but est inscrit en chaque être. Il constitue véritablement l’essence de tous les êtres humains. Cette haute finalité, qui est la connaissance de Dieu, fait que la place de l’homme dans l’univers est particulière. Dieu dit, en effet, au sujet de l’être humain : « Je vais établir un vicaire sur terre » ; et ce vicaire devra Lui rendre compte de ses actes. Cette place particulière attribuée par Dieu à l’être humain doit, donc, l’amener à la l’humilité envers le reste de la création et, bien entendu, envers ses semblables, quelque soient les différences de cultures, de religions, de langues, de classes sociales…

Défendre l’unité du genre humain, sa dignité et sa place particulière dans l’univers, c’est honorer l’Homme.

Notre humanité est à un moment charnière de sa longue histoire. Elle a, comme jamais jusqu’à maintenant, la capacité de détruire tout ce qui la constitue. Nous devons donc chercher avec détermination le chemin de la paix entre les hommes. Le rappel de l’unité du genre humain est un pré-requis indispensable mais cela ne suffit pas.

Il faut, en effet, prendre conscience que la ligne de démarcation qui divise aujourd’hui l’humanité ne passe pas entre la foi et la raison, entre la tradition et la modernité, entre les croyants et les athées, entre l’islam et le reste du monde...

Cette ligne de démarcation est une mascarade qui détourne les hommes et les femmes de bonne volonté d’une vague prédatrice qui se prépare à dissoudre l’humain dans le non-sens, à l’annihiler durablement dans l’oubli de sa dignité, dans le rejet de l’autre, le mépris de la nature et la négation de l’Absolu. La haine de l’humain dans sa différence, sa diversité, sa complexité, son irréductible désir de justice et de Transcendance, de Vérité et d’Amour, alimente cette vague assassine. La vraie fracture, aujourd’hui, se situe au niveau de la vision, portée par les uns et les autres, quant à l’Humain et son devenir.

Et qu’on ne s’y trompe pas ! Ceux et celles qui veulent construire un avenir habitable, serein, partagé, respectueux de l’autre, ouvert sur les questions essentielles, qui cherchent à donner sens à la vie, ceux-là sont de tous pays, appartiennent à toutes les sociétés, toutes les classes sociales, toutes les convictions ; tout comme ceux que n’habitent et ne motivent que la volonté d’asservir, d’humilier, de réduire, d’opprimer, de jouir sans limite. Le véritable et authentique critère entre les êtres humains est celui qui établit la distinction entre ceux qui privilégient le bien commun sur eux-mêmes, préservent la nature, pensent aux générations futures, font effort pour être en paix, et ceux qui n’ont pour motivation que leurs prétentions égoïstes, souillent sans retenu ce berceau de tous les hommes qu’est la nature et vivent sans autre horizon pour l’humanité que leur propre désir.

Nous, hommes et femmes de bonne volonté, devons donc, plus que jamais, avec force et sagesse, avec constance et détermination, travailler à l’unité des hommes. C’est l’effort à consentir pour qu’une civilisation fraternelle éclaire enfin, de ses milles et un feu, notre vieille et belle humanité.